EUDANLA | Les vertus du voyage en solitaire (2)
Rédactrice et journaliste brestoise, Laëtitita Gaudin
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Les vertus du voyage en solitaire (2)

Les réalisations accomplies en solitaire sont souvent les plus grandes. Je ne me souviens pas du jour où j’ai chevauché pour la première fois une bicyclette sans petites roues, ni de celui où je suis parvenue à me raser seule les jambes (ce n’était pas concomitant) mais ça devait être de grandes victoires.
Quand je suis arrivée à l’appartement de mes hôtes sur l’île Vassilievsky, à Saint-Pétersbourg, après un long parcours semé d’embûches, ce fut comme si j’avais posé un pied sur la lune ou avais paraphé la déclaration d’indépendance des États Unis d’Amérique. Pour ceux qui n’ont pas tout suivi, je rappelle être partie dans ce pays grand comme 31 fois la France sans dictionnaire et avec autant de préparation que pour une promenade à pédalo sur le canal de Nantes à Brest. Dans les yeux de mes proches, je ne lisais pas l’inquiétude ; ils me connaissent. Je ne me suis donc pas inquiétée. Arrivée à l’aéroport de Saint-Pétersbourg, j’avoue pourtant avoir eu quelques sueurs froides. D’abord parce que j’ai constaté n’être entourée que de Russes qui ne parlent que la langue de chez eux et qui, cueillis au saut de l’avion, ne transpirent pas l’hospitalité. Ensuite parce que j’ai rempli 5 fois le formulaire d’enregistrement avant d’obtenir quelque-chose de correct me permettant de prendre part à la longue procession des voyageurs en « entrance »… et en nage. Puis, pour retirer de l’argent, il a fallu montrer patte blanche au bureau de change parce que le nom inscrit sur ma carte bancaire n’est pas tout à fait celui de mon passeport. Je me suis souvenu avoir rapidement lu dans un guide qu’il était « fortement  recommandé » d’avoir de la monnaie avant de monter dans le bus. Trente-cinq roubles précisément. Je suis allée chercher une boisson fraiche pour faire descendre la température de mon cerveau et transformer mes billets en pièces (au passage, faut pas être sortie de la cuisse de Jupiter pour être faiseur de miracle). Si « Coca light » se dit « Coca light » en français, ça doit être identique en russe. Et bien non, ça ne l’est pas : le jeune homme de service ne m’a pas compris quand je lui ai passé commande. J’ai alors imaginé ce qu’allait être ma vie les quinze prochains jours, lâchée dans un pays où nul de me comprend et où nul ne veut me comprendre (j’ai imaginé le goulag, la prostitution, la corruption, le mannequinat, etc.). J’ai regretté ne pas avoir remis mon nez dans mes manuels de russe et me suis vu gratter aux portes du consulat pour un rapatriement express. Raison invoquée : « crise linguistique aigüe ». Mais je ne suis pas de celles qui baissent les bras au premier obstacle. Mon coca, je l’ai eu. Mes pièces également. Je suis sortie de l’aéroport et, avec les indications précises transmises pas l’association Russie Autrement, je suis rentrée dans le bus n°13 pour rejoindre la station Moskovskaya. Descendue à bon port, je me suis enfoncée dans les entrailles du métro pétersbourgeois pour rattraper le flot des voyageurs. Enterrée, je me suis postée au milieu du corridor pour comprendre comment fonctionnait le bizness. Je n’ai pas tout de suite saisi que les larges portes coulissantes en inox n’étaient pas celles d’un ascenseur mais celles qui ouvraient sur les portes béantes d’un wagon arrivé à destination. L’ignorance devait se lire sur mon visage. Une sympathique jeune fille est venue à mon secours et ne m’a pas quittée des yeux avant de me savoir arrivée à destination, station Nevsky Prospect, correspondance pour l’île Vassilievsky. Ce pays, j’allais l’aimer. Davantage encore celles et ceux qui l’habitent. Je suis sortie de la mine en traînant ma lourde valise et me suis retrouvée face à un MC Donald coiffé d’un bulbe. Là, est mon salut… Là, serait mon repère. À SUIVRE

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